Le mystère des oeufs d'or - Chapitre 2
Dans le monticule de documents sortis de la poussière par M. Voisin, une lettre adressée à Jeanne Bonaparte, au château de Villereau, avait attiré mon attention.
Je crois utile de préciser que Jeanne, également marquise de Villeneuve Esclapon, était la petite nièce de Napoléon Bonaparte. Cette femme, remarquable à bien des égards, possédait un charme indéniable et un goût prononcé pour l’art. La région, renommée pour ses richesses naturelles et évoquée avec enthousiasme par son grand-oncle pendant son exil à Sainte-Hélène, l’avait également séduite par sa beauté. C’est ainsi qu’à l’été 1894, elle s’installe au château de la Mothe.
Mais à peine eut-elle baptisé les allées du jardin du nom des victoires de son aïeul qu’elle reçut cette fameuse lettre, un avertissement signé du célèbre Crapaud :
« Chère Princesse, vous n’ignorez pas que votre oncle Napoléon 1er, décédé il y a près de 70 ans, se trouve dans l’impossibilité de profiter de ses trésors. Un client promet d’en faire bon usage, et vous savez le point d’honneur que je mets à croire mes clients. Je vous prie de mettre à ma disposition la collection des œufs d’or que vous avez dissimulée dans les souterrains de votre demeure. Je m’inviterai quelques jours au château afin d’en prendre livraison le 23 juillet de cette année. Vous me reconnaîtrez aisément à ma longue moustache brune. Mes hommages. Le Crapaud, 13 juillet 1894 »
À l’époque, l’existence même des précieux œufs était inconnue du public. Plutôt que de se confier à la police, la marquise préféra recourir aux services, plus discrets, de Ganimard, un détective privé dont elle trouva une annonce dans le journal local, le jour même où elle reçut la lettre.