Le mystère des oeufs d'or - Chapitre 3
Le lendemain du vol, l’affaire est révélée au public et suscite un vif intérêt. Cependant, aucune information d’intérêt ne fuite. Heureusement, les documents de M. Voisin ont permis de mettre la main sur un rapport de police.
À le lire, on s’imagine aisément l’imposant château, niché dans la campagne française. À l’intérieur, le grand salon est somptueusement décoré, avec des tapisseries aux couleurs riches et des tableaux aux cadres dorés qui ornent les murs. Plusieurs personnalités de la haute société française sont présentes. Ce soir-là, chacun va et vient, vaque à ses occupations.
L’interrogatoire des suspects se révèle assez long, et comme vous pouvez vous en douter, chacun dispose de son propre alibi. Je vous livrerai toutefois quelques extraits choisis de ces échanges.
Madame la marquise de Villeneuve a tenu à être interrogée la première pour présenter ses convives :
« Je suis comblée de bonheur d’avoir invité mes chers convives pour leur faire découvrir mes créations
artistiques. Monsieur Rozaine et Jenatzy, tous deux éminents dans leur domaine, ont gentiment proposé de
partager leur expertise pour faire briller mes travaux dans les plus hauts cercles parisiens. Quelle fierté
pour moi de les accueillir au château ! [...] »
Monsieur Rozaine a déclaré :
« J’ai été invité par la princesse Jeanne pour découvrir ses travaux. Au début, j’étais surpris qu’on
fasse appel à un mathématicien pour discuter d’art, mais j’ai vu là une opportunité de prendre quelques
jours au grand air. Et j’ai eu la chance de rencontrer Augustinne Miriam Leblain, une femme aux cheveux d’un
brun flamboyant, dès mon arrivée à Villereau. Je n’ai pas su résister à sa demande de découvrir les travaux
de madame Villeneuve. [...] »
Monsieur Jenatzy fait remarquer :
« Messieurs, il est important de souligner que seuls le marquis Villeneuve Esclapon, le major Rawson et
monsieur Rozaine possèdent une moustache brune. Vous remarquerez que l’enquêteur Ganimard arbore quant à lui
une moustache blonde. Je me méfie de ce Rozaine. Son humour et sa manière d’approcher Mademoiselle Leblain
me font penser au Crapaud. Je reste donc vigilant et prêt à utiliser mon Kodak n° 4 pour collecter toutes
les preuves nécessaires. [...] »